Yoann Chélin, le virage : d’ingénieur à artisan cadreur



À 38 ans, Yoann Chélin s’apprête à mettre ses valeurs d’authenticité
et de simplicité au service d’une reconversion qui va l’amener d’ingénieur à cadreur vélo. Zoom sur un projet qui résonne avec le nouvel engouement des surdiplômés pour les métiers manuels.


Ce vendredi 22 janvier 2021, malgré la pluie, c’est bien évidemment à vélo que se présente Yoann Chélin. Sa monture ? Un vélo classique, passe-partout, en léger décalage avec l’ambition de son propriétaire : fabriquer des cadres pour cyclistes passionnés, avides de sur-mesure et de personnalisation. Ne surtout pas y voir une contradiction, l’homme est tout juste en train d’apprendre son nouveau métier. Plutôt vite, à en juger par les photos de sa première réalisation, une remorque bois et acier conçue et construite en absolue autoformation.

Voici tout juste six mois, Yoann Chélin dirigeait encore une équipe d’ingénieurs dans une start-up médicale. Mais que s’est-il donc passé pour que cet ex-enseignant-chercheur, auteur d’une thèse sur “un modèle mécanique et numérique de morphogenèse de tissus épithéliaux”, rejoigne la cohorte des diplômés du supérieur saisis du virus de l’aventure artisanale ?

De l’autoformation au CQP

Pas de grande envolée lyrique sur les évolutions sociétales chez Yoann Chélin, tout juste quelques explications qui viennent dire l’évolution de son parcours : de son cursus classique à coloration scientifique, il déroule des études qui le conduiront jusqu’à un doctorat en mécanique ; de sa passion pour le vélo, il retire dix ans de compétition et un certain goût pour le démontage-remontage de ses machines. C’est aujourd’hui sur fond de rupture conventionnelle qu’il s’apprête à remettre du sens dans une carrière qui avait fini par, selon lui, en manquer.

Dans l’incapacité de se projeter tant qu’il était en poste, il dit avoir commencé à assumer l’idée de créer quelque chose dans l’univers du vélo deux à trois mois après avoir quitté son entreprise. Pour commencer à atteindre la compétence qui lui manque, la soudure, il combine lecture d’ouvrages, consultation de tutoriels et mise en pratique. Bien que cela ne soit pas indispensable, il consacrera deux mois du printemps au CQP de vendeur technicien cycle. L’objectif ? “Garder la possibilité de faire de la maintenance et, surtout, faire du réseau !

À la fin de ce mois de janvier, il a eu l’occasion de parfaire la découverte de son futur métier à la faveur d’un stage d’immersion de Pôle emploi, bientôt suivi, en mars, d’une formation de cadreur-soudeur.
Avec l’objectif de rejoindre une coopérative d’activités et d’emplois (CAE) dès juin 2021, Yoann Chélin aura mis tout juste un an pour passer de l’idée au lancement de sa marque, bien nommée “Le Virage”. Aussi confiant que conscient qu’“il est aujourd’hui plus compliqué de survivre que de créer”, il nous donne rendez-vous dans un an pour un nouveau point reconversion. À suivre…

Bio

2006
Ingénieur maître en génie mécanique et productique (Université de Grenoble)

2008
Ingénieur matériaux, mécanique et simulation numérique (Polytech Orléans)

2012
Doctorat en mécanique (Université de Montpellier)

2021
CQP Vendeur technicien cycle, et formation de cadreur-soudeur


Mot(s)-clé(s) : Reconversion

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